Jeudi Saint
Abbé Jean Compazieu | 13 avril 2011
Avec l’Evangile, nous sommes mis en présence du Christ qui lave les pieds de ses disciples. Il se met à nos pieds pour accomplir le geste qui, normalement était confié à l’esclave. A l’heure où nous le lâchons, il nous fait les plus grands cadeaux. L’eau qu’il utilise devient un symbole fort qui nous rappelle le baptême. Nous sommes plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Nous ne sommes plus appelés serviteurs mais enfants de Dieu.
Cet évangile nous montre donc un Dieu en tablier. Il est à l’opposé de l’image que, trop souvent, nous nous faisons de lui. Ne lui prêtons pas la volonté de nous dominer. Il n’est pas un dieu souverain mais le Dieu serviteur des hommes, pas un Très-Haut mais le Très-bas. Ce qui aurait été normal, c’est que Jésus se fasse laver les pieds. Or c’est tout le contraire qui se passe. Lui, le Maître et Seigneur, se met à genoux devant ses disciples. Il voulait leur faire comprendre jusqu’où allait son amour. Il voulait leur montrer qu’il les aimait assez pour se mettre à leur service.
Et Jésus termine en disant : “c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez comme j’ai fait pour vous.” Les disciples n’ont certainement pas compris sur le coup. Ce que Jésus nous demande, et que Pierre a eu du mal à accepter, c’est de nous laisser aimer par lui ; c’est là un premier point. Il nous demande surtout d’aimer comme lui, avec la même radicalité et le même absolu. Le disciple doit lui aussi se mettre en tablier pour servir ses frères. Comme Jésus, nous avons à les rejoindre au plus bas de leur fragilité en les considérant comme supérieurs à nous-mêmes. Bouleversés de voir le Christ en tablier, les disciples peuvent aussi devenir bouleversants.
Chacun de nous pense à des personnes qui expriment leur foi par le service de leurs frères. Pas seulement Mère Teresa, mais aussi des personnes proches de nous : les éducateurs qui font souvent preuve d’une grande patience, les animateurs d’associations qui donnent beaucoup de leur temps, les soignants qui se dévouent sans bruit auprès des malades. Les exemples ne manquent pas… Toutes ces personnes et bien d’autres nous montrent que le Christ fait passer de la mort à la Vie.
En ce jeudi saint, nous sommes invités à élargir notre regard à la dimension de celui de Jésus, un regard solidaire de tous ceux qui nous entourent, en particulier ceux qui sont bouleversés par les catastrophes au Japon, les victimes de la haine et de la violence des hommes, les victimes de la précarité et de l’exclusion. L’Eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche trouve son accomplissement quand elle est suivie du service du frère. Faire mémoire du Christ c’est aussi le suivre dans ce don qu’il fait de lui-même jusqu’au sacrifice de sa vie car “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie.
Ce soir, nous te prions, Seigneur, pour ton Eglise. Rends-la servante et pauvre. Qu’elle connaisse la joie de tout donner. Amen
D’après diverses sources
Semaine Sainte 2011 par saint-denis_catholique